Le mystère qui entoure cette petite chanteuse m’émoustille. Je fais une collection d’images mentales de ses longs cils, de ses fossettes, de son nez parfait et des ondulations de ses lèvres. J’entretiens son souvenir comme on prendrait soin d’une fleur délicate. Ça me fait de grosses journées.Je ne pense qu’à une chose, la retrouver. Goûter encore cette indicible sensation, le plus vite possible. Je risque d’en cracher des oiseaux par le nez ? Il faudra me réparer le cœur souvent, et alors ? On me le répare depuis que je suis né, ce truc. Je suis en danger de mort ? Peut-être, mais je suis en danger de vie si je ne la revois pas, et, à mon âge, je trouve ça encore plus grave.Je comprends mieux pourquoi le docteur tenait tant à retarder ma confrontation avec le monde extérieur. Avant de connaître le goût des fraises au sucre, on n’en demande pas tous les jours.
Tu sais, lorsque j’étais amoureux, je n’arrêtais pas d’inventer des choses. Tout un bazar d’artifices, illusions et trucages pour amuser ma fiancée. (...) Je voulais fabriquer un voyage sur la lune rien que pour elle, mais c’est un vrai voyage sur la terre que j’aurais du lui offrir. La demander en mariage, nous trouver une maison plus habitable que mon vieil atelier, je ne sais pas... Un jour, j’ai découpé deux planches dans ses étagères puis j’y ai fixé des roulettes pour qu’on aille glisser tous les deux au clair de lune. Elle n’a jamais voulu monter dessus. Et j’ai du réparer les étagères.




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